À la suite d’une première réflexion autour des lieux de solidarité, et de la nécessité de laisser les clés aux citoyens pour les concevoir et les habiter, ce deuxième sujet tiré d’un article du numéro 4 de la revue Visions solidaires pour demain s’intéresse aux lieux de soin et plus particulièrement de santé.
Dans son petit livre Le soin est un humanisme, Cynthia Fleury souligne la nécessité de « soigner l’hôpital » pour « bien soigner les malades », reprenant les propos que tenait déjà en 1927 le psychiatre Hermann Simon. Pas loin d’un siècle plus tard, la philosophe interpelle les organisations institutionnelles et sanitaires sur la nécessité pour elles de partager les clés du soin avec les patients, leurs proches et l’ensemble de la société. Mais ce qu’elle demande à ces établissements-là, de la santé et du médico-social, elle pourrait l’exiger de toutes les institutions, publiques ou privées, dont la mission est d’intérêt général. De toutes les organisations qui soignent et accompagnent les personnes, que ce soit à cause de leur vulnérabilité et de leur situation précaire ou sur un autre registre, afin qu’elles participent à la vie de la cité et reprennent en main leur propre avenir.
Sous ce regard du futur et de notre capacité à le façonner, Cynthia Fleury pose une autre question cruciale dans son opuscule : « Nos institutions sont-elles capables d’élaboration imaginative ? ». Car « imagination et soin nous permettent de constituer un rapport au monde, de rendre habitable le réel », explique-t-elle. Et là encore, cette vision s’applique tout autant aux lieux de la santé qu’aux maisons d’accueil, centres de médiation, tiers-lieux et places de village où se fabrique ce qu’on appelle le « vivre-ensemble ». Mais où et comment, dans quels types d’établissements de santé pourrait-on concrétiser cette nécessité d’invention et de réinvention permanentes des lieux de soin ?